la lune a de l'embonpoint - échange avec Mickael Berdugo





soirée du 25 juin 2015 – twitter :

traces d'un échange avec Mickael Berdugo




J'empeste le soleil qui s'ouvre sur la mer,
la robe fendue.
Soulève ta jupe et mords la scie.

[ne dissèque ne dissèque.]

La lune a de l'embonpoint,
j'ai vu des jupes s'agiter devant l'arbre à 24 dents,
cadavre sonore élargissant le monde.

Dans l'espace péridural,
sous ses jupes,
à l'extrémité du cathéter,
j'ai vu l'embryon pluton.

L'embryon savonne les jambes,
Le bébé est une créature de lait,
Un pêcheur attendant la montée des os.

Cadavre froid,
agrégat d'ivoire du permafrost,
de tourbe mortifiée,
l'embryon pluton tète.

Sous la robe,
la lune caresse,
la barque louvoie,
l'embryon dissèque.

24 dents de lait tètent,
24 dents de lait dissèquent.
L'arbre n'est plus un embryon.
C'est un bébé aux os consolidés.

Un bébé parle à ses dents,
Le vent grabataire à des remords,
Les morts rejouent une pièce de théâtre
Ou de monnaie.

Une année emballe une langue
Dans un sac de laine,
Les corps sans sommeil marchent dans un cadenas,
La couleur du monde sèche

L'espace-temps se teinte
d'aurores boréales
& l'épine dorsale du soleil
déglutit l'orque.

Sur la table de dissection, passent
les premières contractions du penny.
Pluton, l'ourse-mère,
étend ses filets à saumon.

Une maman accouche de l'aube,
L'autre jupe s'encastre dans un pantalon,
Je mémorise ma naissance
Et je refais du toboggan.

Devant l'évier le chirurgien fume,
Le père frappe la maman,
Le grand-père bande l'arc mou,
La grand-mère ulcère.

Le tourniquet vomit une pierre,
Le dauphin avale la pierre
Et la fumée dans le vagin.
Je ronge les ongles de mon frère.

Une infirmière dorlote l'au-delà,
Un camp de nudiste se cache sous les draps,
Le bébé a 6 nombrils cerisiers

La créature de lait
lime ses dernières dents.
Les rayons-libres du vélo
Tètent le miellat des fourmis.

La sage extrait le cigarillo
La mère extrait la créature molle
L'arc extrait l'ulcère paternel
[ne dissèque, ne dissèque!]

La progéniture tend le bras
Pour attraper sa barbe,
Des lampes malfaisantes tombent dans ses joues,
C'est un bébé solaire

L'arbre aux 24 fleurs blanches
applaudit le cadavre du père.
Le monde se tait,
le pêcheur écope les enfers.

Un nudiste étouffe sous la tente
L'iroquois va le scalper.
L'espace-temps rampe sous les draps.
Pluton n'est plus un bébé.

Pluton menace le nudiste Quechua,
Pluton n'est plus un bébé.
Pluton avale les rayons-libres,
Pluton est solaire. Froid.

L'orage a des principes,
Il ne fend pas un singe en deux
Le téléphone sonne,
Le bébé balbutie et se penche dans le trou noir

Pour y découvrir le jupon de Dieu
Et son cadastre de Mars,
son cheval sans paupières
Qui s'agite en clignant des sabots.

Des lignes font les folles autour de l'hôpital,
Une voiture boit son essence,
Le bébé dessine le croquis du vide.

Le cadavre du père rugit,
Les fils griffent le cerisier.
La ligne est occupée,
Elle extrait la pierre du vagin.

Le frère ronge ses sabots.
Le poney du nudiste est un beau trophée.
Dans la rivière froide le singe
Emplit ses bottes.

La robe du trident est boueuse.
Le pêcheur atteint la lave. Froide.
La barque-corbillard est un églantier.
Il pleut.

Maintenant.

Le dieu Pluton n'est plus un bébé.
Il se promène. Il fleurit.
Le cadastre est allergique.
L'éclair dessine un cigare.



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