Spiritus temporellement décalé - Sandra Moussempès








Plans



entre seule dans l'appartement réduis les lumières

incrustées sur les murs



l'homme dort tout habillé

près des figurines A et B

cheval de 40 millimètres, pouliche ébréchée



ensuite détournements de phrases claires

SMS de l'ex d'où cris gutturaux dans le couloir



les éléments invoqués s'achèvent en spirale



entre seule ou à deux dans l'appartement

repeins murs et entiche-

toi de l'autre plus aimable épinglé sur l'armoire



de dos l'air courbé

mais mentalement présent



ceci est un espace frontal

pour délimiter les carences

arbre de nuit cheminant vers

                             éclairage dans le noir



puiser le pour et le contre

en nuisette rouge-gorge

















Equilibre du somnanbule



               dû aux immenses cloisonnements dans les maisons d'enfance



[une voix sèche ausculte l'ombre de la silhouette apnée]


« la glotte divise nos intérêts
  fait passer avant
  la passion
  des lois établies »





        selon toute vraisemblance la fenêtre donnait sur un jardin





aspirants d'une incise à peine visible

(mes amis)

ouvrent les vannes - eaux de     vies mélangées -





                                          non

                                          pas

                                          le philtre langoureux



                                          mais la loi des séries

















Solution boisée :



Ne pas se contenir

Renverser le liquide



Taire le nom

De ma soeur démon

















Définition d'une entité





Sans que noir confirme noir ou brun pour la sagesse

D'un dessin signalé vide

(de toute infinité)

















corpus-méphisto revenu d'où il entrait









                                                     Peau # 1





ta couleur me plaît méthadine, ode à l'engrenage des souillures, petit récipient de forme creuse, individuelle, abat-jour violet sans contre-jour, il faudra aussi pour changer les ruptures de place pour trouver l'unité, cela demande du temps et des cendriers vides








                                                      Peau # 2





les jours pairs j'apprends d'où la liqueur est extraite

je m'entends dire : « Sweetie I love your voice ! »









                                                   Peau # 3





ma préférée monopolise

les sceptiques de l'autodévotion



(le plaisir sans attaches)



masquerait une épouse rousse

à démolir dans certains cas

comme le frigo, le four et les différentes façons d'arranger le gâteau

d'anniversaire









                                                   Peau # 5





on lui disait de s'appeler Shelley

de répéter à l'infini : it's money you know

de mettre des croix sur la tête des gens





Je lui ai demandé si elle voulait aller dans la chambre



Je lui ai demandé si elle voulait aller dans la chambre





J'ai posé le néon bleu sur le sol et j'ai dit : « ce n'est pas très romantique »



Elle a répondu j'adore le bleu et dans le fond je savais que c'était sa couleur préférée



Je me suis mis dans la peau d'une fille, dans une peau nacrée de type scandinave



Avec un béret usagé sur le sommet du crâne et des mollets rebondis









                                                Peau # 6





elle s'allonge sur un lit puis s'engage totalement dans l'événement vécu, une sur intoxication des neurones. L'exercice requiert une extrême acuité des sensations : visualiser une scène depuis plusieurs angles de vues, actionner les commandes d'un je inédit, consacré au déroulement de sa propre vie.



Au loin la voix crépite à ses détracteurs, petites voix murmurée,

sans qu'il ne soit possible d'arrêter la tornade blonde

















                                   ceci est mon corps véridique





                                   boîte en fer de 5 centimètres



                                   creusée

                                   par

                                   le

                                   sentiment





                                   à présent tu es à l'intérieur

















Les envoûtés

(Photogramme : Décoction/Invitation/Puzzle/Coeur spirit)







/situé au sous-sol

                        - pour lui toute éviction reste factice



         la maison porte

         ses carences

                         (en buée sur la vitre)

         cache un coude







/venir dans la nuit : ce soir, l'art est l'audience plus que jamais



                          feuilles, grappes de vie, citrouille désengorgées



cap du premier pas sous la voûte

# la peur







/l'homme est resté assis des heures dans la pénombre

la nuit, la porte reste ouverte, facile d'accès pour trouer le tube déjà long et silencieux



rassembler l'eau infiltrée

depuis les remous de la salle de bains







/Extension commune

                         du grand bal sans invités



les ombres se démènent

             en retour

             ce rouge du pays basque, ce rouge enclume







& les mille chambres

l'appartement aussi dans ce cas pourquoi pas tous les souvenirs

non conformes à la réglementation







/il y avait ce froid, plus qu'ailleurs et sans raison

une odeur âpre irrégulière



le bruit dans les combles

la mauvaise combustion d'ensemble

tout ça en face



et à l'intérieur, ce qui ne s'ouvre plus depuis des lustres contient toute la famille, la joie, les efforts cachés, l'été des fonctionnaires, le mélange des genres (venir de partout pour s'animer...), le cochon de lait ou la destitution des chaires ;

































(auto-émotion), suite..





Egrainer la chambre du dimanche



Tout semble possible à la lumière du jour















Sandra Moussempès - Captures paru en 2004 chez Flammarion
in 49 poètes, un collectif réunis & présentés par Yves di Manno
Editions Flammarion - pp. 371/378

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