Poubelle la vie - Charles Pennequin




La baise. Parlons de la baise. La bonne vraie baise. La vraie la bonne l’ouverte. Une bonne ouverte. Une ouverture. Parlons baisons. Parlons de la vraie baise. Celle qui nous tient. Celle qui nous fait avoir. Celle qui nous fait être. Celle qui nous soutient nous tient. Tiens tiens. Celle qui nous noue. La vraie. La vraie nouée en nous. Une vraie bonne et baisante baise. Oui. Un nœud. Oui, parlons-en. En chœur. En troupeau. En bêlant dans le beau troupeau. Bêlons la baise dedans. Et cherchons-là. Longtemps le troupeau reste. Longtemps le troupeau noué. Le troupeau nous. Longtemps le troupeau immobile. Cherchant. Ne cherchant pas. Baisant. Ne baisant pas. Longtemps le troupeau imbaisable. Longtemps le troupeau vidé de sa baise. C’est son essence la baise. Mais il baise pas. Il attend de foutre. Oui, foutre pour lui c’est baiser. Mais il sait que non. Il sait que baiser c’est différend du foutre. Le foutre sait. Et le troupeau avec. Le troupeau sait la baise et le foutre. Il sait que c’est deux choses. Il sait le foutre c’est cafouiller. Il sait le foutre c’est être en brouille. Il sait brouiller le foutre. Il sait le foutre c’est troupeauter. Il sait le foutre entroupeautant ses phrases. Il sait le foutre c’est carrément se la carrer. On carre du foutre où ça aurait pu penser. Baiser penser pour lui c’est idem. C’est la pensée qui fout la baise. C’est la pensée qui zone dedans. En foutant toute envie de baise. De vraie foutrée. Il sait le troupeau mort la vraie foutrée c’est en finir. Finir pour une bonne fois la baise. Et pas de bonne action. De bon coup pensé dans biquette. Ou dans le bouc. Le bouc prendra biquette. Il prend sa corne. Le bouc pense à biquette. Mais le bouc est corné. Cornard de lui. Cornard de sa petite cornée. Pas encore né. Petite trouée de lui-même. Petite foutrée. Foulée. Petite foule faite. Petit troupeau à foutre mais sans se fouler. Que la biquette lui a collé. Que la biquette collera. Et le troupeau avec. Troupeau de biques et de boucs moutonnant à l’envie. Troupeau de morts encollés à l’idée de baise. Mais on baise pas l’envie. On fait que niquer. On nique l’envie qui s’offre à nous. La nique offerte. Ristourne. L’envie tristoune de nique sur un plateau. Les plateaux tournent. Et les troupeaux avec. Tous les troupeaux finiront par tourner. Et les petits plateaux petites enjambées au-dessus des phrases. Petites politesses à la biquette. Petites courbettes à la pensée. Petites branlettes au bouc. Petits torticolis. Petits bouquets tordus. Petits colis. Coulées petites. Toutes petites claques et fessées toutes petites. Petites fesses et puis petites trouées. Petites queues bien rentrées. Stoïques. Petites quéquettes restées stoïques. Stoïcité du troupeau sur un plateau tournant. Alors que pendant ce temps le ciel la roche et l’herbe demandent la baise. Pendant ce temps le naturel t’emmerde. Pendant ce temps le retour au galop la petite pente à être continue de nous emmerder. Et qu’il va falloir cracher au bassinet. Qu’il va falloir en finir avec l’herbe le naturel le galop et cracher. Eructer, s’hargner et s’encrever. S’encrever d’un coup. D’une traite.
Oui il faudrait baiser avec des mots. Avec des tentatives. Baiser la tentative. Des tentatives de mots. Baiser ça. Et le reste. Tout reste à baiser. Ça nous reste sur les bras. Des heures durant. Baisement. Des heures durant : baise-m’en, m’en une, puis deux, puis trois. Baise-m’en bien quatre vraiment. Et dans baisement il y a baise. Et dans vraiment il y a vrai. Et dans les deux il y a ment. Il y a toujours la baise vraie qui nous ment. Et elle nous ment par deux. Elle dit je t’offre à me baiser vraiment. Elle dit je t’offre une toute vraie baise bonnement. Elle dit ça tout bonnement. Tout en baisant. Elle multiplie le ment. L’aimant. Et puis elle te dit va t’en. Va te faire foutre avec ton troupeau de ment. T’as jamais vu l’amour. T’as toujours vu qu’un trou. T’as toujours vu que du satisfecit. T’as toujours vu qu’un fessier satisfait. Satisfait de fait ci puis de fait ça. De fesses assises. Un cul ouvert assis. Comme une approbation. Un calcul. Une solution alternative. T’as toujours vu qu’un cul dans l’amour. Un bouchon. Et tu trempais dedans. Le bouchon enfonçait ton idée. Et pour l’idée c’était un cul imprenable. C’était prenant. T’as toujours été pris dans le vertige prenant de l’imprenable. Alors t’as pris. Et t’es revenu. Revenu d’avoir cru prendre. Alors que t’imprenais. Et tu t’es rassis sur tes fesses. T’as rassis tes fesses sur ton envie de vrai cul. C’était pas un vrai cul. Mais c’était une envie. C’était l’envie potable du cul. Le cul potable tu t’es rassis dessus. Et t’as continuer à vivre. C’est-à-dire à te trouer le cul d’envie sans vivre. A te rasseoir le cul sur tes envies. T’as continuer comme ça longtemps. Potablement longtemps.

Moi je ne suis pas mon auteur. Je suis un menotté. Menauteur. Je menotte pas pourtant. J’ai mon auteur. Il sent. Mon auteur sent de partout. Il sort de là. Il sort d’ici, et de partout. Mon auteur mène. Et il m’évite. Il m’évite vite de moi mon hauteur. C’est lui qui m’a mené ici. Il m’a amené au moi d’ici. Moi noté bas. Tout en bas de lui. Comme une note de bas de page. Un renvoi. Un petit rot en moi. Je me mettais à me noter en rond. Je notulais. J’aurais pu me tuer. Car tout en lui qui m’ôtait. Et je suis morte. Je me suis morte au mort. Je mortais moi dedans. Dans le tout bas du bas. Je m’envoyais bouler là-dedans. J’étais comme envoyé spécial. Mon envoyé boulé spécial. Et je m’aimais comme ça. En mortant moi. En ôtant moi. Autant pour moi.
L’inquiétude naît du cadavre. L’inquiétude force le cadavre à naître. C’est un naissant inquiet. L’inquiétude est muette, parce que cadavre.
Ce n’est pas le sexe le cadavre. Le sexe c’est l’histoire. La bonne vieille histoire. Celle qu’on ne refait plus. On ne peut plus refaire l’histoire du sexe maintenant. Depuis qu’il y a le présent. Depuis qu’on vit dans le présent. Car si on vit dans le présent on naît dans l’inquiétude. Et on est un cadavre.
Mais on a raison. On a raison de continuer.
On a raison de vouloir quitter le champ de la physique. On a raison de vouloir s’habituer au cadavre, à sa bouche. A baiser du cadavre la vie durant. On a raison d’être la vie durant plongé dans la bouche d’un cadavre. Parce que c’est inquiétant. Donc on a tort. On aurait tort de s’inquiéter. Outre mesure.
mon présent m’intéresse
le vôtre ne m’intéresse pas
votre présent est inintéressant au possible
Moi j’aimerais être à toi, complètement, totalement, absolument, j’aimerais t’être, te téter et t’être, j’aimerais te donner toi sur un plateau, moi j’aimerais exister que par toi, il y aurait toi et il y aurait rien, il y aurait le rien qui serait moi, et toi qui serais toi, juste à côté de rien moi j’aimerais, et j’aimerais être toi, et moi j’aimerais qu’on s’aime comme ça, que tu me prennes en toi, que tu veuilles bien, que moi je sois ta loque ta petite loque d’amour, ton pain rassis dans toi, car je serai tout rassis, ou comme tu veux, si tu veux pas du rassis tu auras du pain dur, du pain sec et de l’eau, je te nourrirai, si tu veux pas du pain sec ou mou alors il sera croquant, je craquerai pour toi, je serai ton bout craquant, mais c’est toi la croqueuse, tu me grand-croqueras, tu seras grande croqueuse, moqueuse, tu pourras moquer moi, grandement, tu pourras faire de moi ta moquette,

une toute petite moquette à moquer grand, une bonne moquette à moquetter et à moucher son nez, un petit mou moqué en toi, voilà ce que je serai, je serai mouché par toi, et je serai moquette, ton moi tout mou, ton moi tout michetonné mie de pain, la molle baguette, ou dure, comme tu veux, comme ça te plaira, je banderai dur, mais la mie dedans sera molle, dans tout le dur de la quéquette il y aura le mou de moi, mon petit mou travailleur, ravageur, ravalé moqué, ton petit mou bout de toi, ton petit chez toi qui retombe en sucette, tu me suceras, tu mangeras, tu téteras, tu goûteras la bonne chair qui bande dur, très très dur, qui ira en toi très dur, qui te donnera l’ossature, qui sera ta colonne, une colonne bien bandée pour remuer tes abattis, je t’abattrai, je te ferai battue, comme des œufs, je serai ton batteur, tu n’auras plus besoin de chercher un musicien, il sera en toi, il te chantera la mélopée, il te fera la chansonnette, tu auras des chansonnettes toute la journée dans ta tête, et nous ferons l’amour une dernière fois, et nous flairons fleurons, et nous fleurirons d’amour avant de nous dire adieu, et comme si c’était la dernière fois, et puis fleurons encore l’amour mon amour, oh mon amour mon amour, et quand je rêve c’est de toi, oh mon fleurons ma femme, oh ma flammelle, mon amour où est passée la bohème, où sont passés les beaux jours, et les souvenirs des je t’aime, et puis toutes les chansons enflammées, et la tristesse de nos amours, la douce tristesse belle et molle, tout ça en toi, tous nos amours tristes et mous de nous deux, de moi aussi, moi qui suis rien j’aurais aussi la tristesse, je t’apporterai tout ça sur un plateau, la tristesse et la viande, la chansonnette et les os, tout je te ferai toute, et tu pourras enfin être, et tu pourras enfin avoir des idées, des phrases tu pourras enfin te dire, me voilà, je suis là et j’existe, je pense toute seule, je me dresse, j’avance dans la journée, j’avance je fais des trucs, il faut que je pense à faire des trucs.
L’écrivain est l’ennemi intime des travailleurs. C’est l’ennemi des chômeurs aussi. L’ennemi de tous. Et surtout : l’ennemi de lui-même.
L’écrivain est l’ennemi intime de l’Auteur qui l’habite.
L’auteur : espace uniquement réservé à notre clientelle (consommant nos produits)

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J’avance et j’ai des phrases, c’est les miennes, comment ça se fait que je suis mienne, maintenant je pense, ça me va bien, maintenant j’avance et je sais quoi penser, quoi dire, quoi être, maintenant j’ai mes phrases et je sais quoi savoir, et dans le savoir une petite boule, dans le savoir une petite bulle boule, un beau boulot, comme une baballe, dans le savoir la bonne baballe, attrape ! attrape ! mais la bouche attrape pas, la bouche veut pas attraper du savoir, la bouche sort tout et n’importe comment, et comment n’importe quoi, n’importe quoi de comment et de quoi, la bouche sort la bouche, la bouche sort et la pensée dedans, la pensée meurt dedans, dans l’œuf de la pensée toute pourrie, la pensée meurt en pourri, la pensée balle, la petite baballe, le savoir, le savoir veut pas descendre, donne la baballe ! allez ! donne vite ! sale chienne ! saloperie de chienne de merde, saloperie donne-moi ta pensée, pensée pute, pensée salope descend ! allez vient, lâche cette baballe ! allez lâche ça, salope !
Oui maintenant les gens avancent, maintenant les gens discutent, belle journée pour discuter maintenant les gens, maintenant les gens vont leur train-train, train-train parle, train-train fait les discussions, maintenant il fait beau demain ça se gâte, maintenant qu’il est gâté ils annoncent quoi, ils annoncent un renouveau, un maintenant moins gâté, un redoux, un re-re, maintenant les gens re-re, sont très re-re, ça veut dire que ça parle, re-re ça aime, re-re aimer parler, re-re ça peut parler de tout et de rien, et surtout de

rien, car ça aime rien les re-re, je veux dire les gens, tant que parler, parler de rien, et aussi un peu de tout, c’est parler en re-re, car si on veut on peut causer de tout si on veut, mais on veut pas causer, si on veut on peut se taire si on veut, mais on veut pas se taire, si on veut on peut essayer de vouloir si on veut, mais on veut pas vouloir, donc on papote, on discute un brin, et quoi qu’on dit, et quoi qu’on pense, on pense rien, on n’a rien à penser, là tout de suite ? non, j’ai rien à penser là tout de suite, ou alors ça s’emmêle, c’est des flashs, c’est des choses à penser qui flashent dans mon crâne et ça s’emmêle, ça se prend les pieds, ça tombe dans la tête boum, et quand ma tête fait boum, boum plein de choses qui s’agitent et plus savoir quoi, plus savoir ce qui se dit se pense, ça se pense et ça se dit tout pareil là dans mon crâne, c’est comme ça pleut, ça pleut de la pensée là-haut, là dans mon crâne c’est comme des milliards de gouttelettes, et faut passer entre pour pas se faire mouiller, faut passer entre les gouttes sinon on est trempé, ils l’avaient annoncé, ils l’avaient dit pourtant que ça ne passera goutte, ils l’avaient dit qu’il faudra aller plus avant, mais plus avant pas pouvoir, plus avant attendre que pouvoir, car plus avant on sait pas d’où ça crèche, d’où il nous sort de pareilles idées, d’où nous sort tout ce tracas, tracas d’idées pareilles, toutes les idées pareilles, alors pourquoi on se fait du tracas, tracas pareil, alors qu’il fait beau, alors qu’ils ont annoncé le redoux, le rebond, bonbon, alors qu’ils ont annoncé le re quetchose quetpart, alors qu’ils l’ont bien dit qu’il y aurait du re-quetchose quetpart, mais qu’on sait pu où, à d’où qu’ils ont pu annoncer ça d’ailleurs, à d’où qu’ils ont pu dire d’où qu’on y allait, et qu’on allait y revenir, à d’où qu’ils ont pu parler de tout un tas de truc et de machins, à d’où qu’ils ont pu voir ça d’ailleurs, on n’a jamais pu rien voir de ça, on a essayé mais on n’a rien pu voir, on n’a d’ailleurs jamais vu, rien entendu, ils auraient pu au moins faire un peu de bruit, on se serait réveillé, on aurait sursauté, et on aurait enfilé un futal, et on aurait fait la malle, on se serait fait une belle malle avec toutes ces annonces, tous ces communiqués en pagaille, et que pendant tout ce temps-là nouzote on dormait, pendant qu’on nous occupait avec les communiqués, nouzote on était planté là, dans notre pensée, à pas savoir ce qu’on pense.
Est-ce qu’il y a des lieux à investir. Est-ce qu’on investi le lieu de soi-même. Investissement. Retour sur soi. Est-ce qu’on fait encore aujourd’hui le retour sur. Retour sur soi. Retour sur investissement de sa perte. Est-ce que ça a encore un intérêt. Le corps, l’investissement des lieux et du corps, ou l’investissement de la perte. C’est-à-dire de la question. Question investie. Le corps et le vide. Est-ce qu’on a encore envie d’investir le vide.
Je suis mon propre « flop ».
Je travail dans l’ingérable. Je suis pas gérable. Je suis travaillé. On me gère. Qu’est-ce qu’on fait déjà avec soi-même. Q’est-ce qu’on en a à faire de soi dans la voix. Et soi le corps. Qu’est-ce qu’on en a à faire de soi le corps et de soi la voix. Soi dans le bain du social, soi qu’on retrempe à sa sauce, c’est la sauce à soi-même. Soi confronté de quoi. De quoi est on confronté. Quel lieu nous confronte. Quel autre vient en confrontation. La confrontation est déjà en soi-même. La chose confrontée, c’est déjà d’être à l’autre et au lieu, alors qu’on voudrait disparaître. On passe son temps à être porté disparu. Le travail, c’est l’histoire du porté disparu qui réapparaît dans le lieu grâce à l’écrit. L’autre et le lieu ne réapparaîtront pas sinon. Sinon ce n’est que vide. Je n’ai toujours été que dans le vide ignorant du monde.
Vide de soi dans ce lieu vide, vide de l’autre qui est venu me vider. Il faudrait alors avoir son vide autre. Il faudrait alors se vider autrement de soi-même. Soi-même lieu du vide, mais d’un vrai vide cette fois. Vider les lieux de notre fausse présence, et quitter l’autre. L’autre entravé de soi, l’autre grossement travaillé d’entravements. Entravé car ne voyant pas la vie, la vraie vie qu’il pourrait réclamer. L’autre enchaîné depuis la naissance. II n’y a pas de vraie relation, car il n’y a pas de vrai autre. Il n’y a pas un autre en face. Il y a soi. Soi qu’on entrave à tout va, soi l’entravé de tout un tas de tics humains. Tics de

parole, tics de perceptions, tics de regards, tics d’être. Soi bourré de tics, de tous les tics de tous les sois appelés les autres. Sinon il faut accepter à l’autre sa possibilité de retrait face au lieu, sa façon bien à lui de s’en soustraire, pour mieux apparaître, et dans le lieu et pour lui-même.
Soi note, il note pour oublier, pour effacer les traces avec de nouvelles notes. L’autre l’entrave, lui reste en travers. Tous les rapports le travaillent, c’est-à-dire qu’il ne digère pas le refus à un moment donné de l’autre. Le refus très profond, le refus de quelque ordre que ce soit, et qui arrivera tôt ou tard. Car ce refus c’est lui-même qui le porte. Soi n’a jamais si bien porté le refus de l’autre en lui. Il le connaît intimement.
Tous les livres sont des testaments inscrits sur le dos de l’auteur.
Est-ce que vous avez rencontré quelqu’un avec qui faire l’amour aujourd’hui. Quelqu’un qui ferait comme vous. Est-ce que vous avez rencontré quelqu’un comme vous. Il pense dans les moindres détails, il est comme vous à penser. Il fait l’amour comme vous dans les moindres détails. Est-ce que vous avez rencontré quelqu’un qui dans les moindres détails et que vous êtes collés à lui, et lui se colle à vous. Est-ce que vous avez rencontré quelqu’un avec qui être collé. Vous êtes avec quelqu’un. Est-ce que vous êtes avec quelqu’un. C’est un collé, il est à vous, et vous avec. Vous avez collé quelqu’un d’avec vous. Est-ce que ça vous arrive. Est-ce que souvent vous avez vu ça. Quelqu’un qui vient, et il est vous, et vous êtes collés d’à lui, et lui d’à vous. Et de vous à moi est-ce que souvent ça vous est arrivé. Est-ce que vous avez vu arriver ça, d’être avec quelqu’un qui est vous et vous faites l’amour et c’est la même chose, c’est le même amour et c’est tout identique. C’est tout à l’identique. L’amour à l’identique est-ce que ça vous est arrivé. Arrivé de grogner pareil. Respirer. Est-ce que vous respirez en même temps. Souffler, et respirer, et avoir de ces soufflements, et de ces grognements. Est-ce que ça vous arrive souvent de pas grogner ou de pas moufter, ou de moufter et grogner ou glouglouter en même temps. Est-ce que c’est si souvent qu’on a ces gloussements et raclements. Ces mêmes choses qui viennent, qui bouchent, qui empêchent est-ce que souvent on est empêchés pareils. On a nos mêmes empêchements. On a aussi, est-ce que c’est si souvent, nos moments qui s’emmêlent. Nos pensées s’emmêlent. On est tout recroquevillés, et on ahane, on halète et on ahane. Est-ce que souvent ça vous arrive. Que souvent ça halète et gémit pareil. Et c’est les mêmes goûts. Et ça vient s’empêcher. Ça vient se tordre. Et ça vient s’égosiller. Ça s’égosille dans le tuyau. Ça, comme qui dirait, dégorge. Est-ce que souvent ça vous est arrivé d’avoir comme un goulot et que vous êtes en même temps, au même moment, dans ce goulot-là. Et vous voulez passer en même temps. Et que ça s’égorge. C’est en s’égorgeant pareil. C’est en venant au goulot, et ça s’étrangle tellement que ça veut sortir. Est-ce que souvent ça vous sort, il vous sort une volonté au même moment. La même pensée le même effort, la même éructation. Ce même son éjaculé. La même tentative tout à coup étranglée dans le goulot. Est-ce que ça vous arrive si souvent d’être
un étranglé du goulot ?
Oui, le con d’entravé qu’on est a décidé encore une fois d’en finir. Il est plus vrai d’être mort que d’être vivant aujourd’hui. Publier, c’est se faire oublier par le plus grand nombre. On ne veut toujours pas dans cette société accepter le fait qu’une oeuvre peut également être la représentation d’un suicide. Non une trace à laisser de son vivant (Internet en est pourri de tous ces égos qui veulent exister.) Mais une façon de débarrasser le plancher de temps à autre. on règle des comptes, non pas avec soi-même, mais avec le vivant qui navigue dans l’époque, avec celui qui a tel moment, par rapport à un temps donné, à déroulé telle action.
Aucun écrivain ne serait capable de refaire son livre cinq ans après. La consommation des produits culturels n’a rien à voir avec ça, même si on fait mine de donner des rendez-vous à ses clients, elle fige le temps et accepte la destruction de l’auteur ou plutôt que cet auteur incarne son vide. Alors que l’art suppose pensée et pensée suppose prendre des bosses. C’est-à-dire se cogner à la réalité. On comprend que les auteurs soient intéressés par la déréalisation, de réel et réalisation. Mais il existe aussi un soi qui se dépossède sur Internet et qui n’est pas inintéressant, s’il fait sortir un autre, c’est-à-dire si l’on peut voir à un moment donné bouger la bête. Souvent ce ne sont que trouvailles savantes d’artistes. Ce qui est intéressant, c’est la monstration de parole, et ce qui peut, avec encore peu de moyens, effrayer par son côté humain ou post-humain. On oublie la bête de toute façon, la bête machinique, car il y a fascination veule de l’artiste pour l’objet, alors que si le corps est vraiment dans la machine, si la rage nous fait nous deshabiter, tous les notions assises d’auteur volent en éclat. Evidemment je perçois des droits d’auteur, et j’en vis (vote). mais cela ne m’empêche pas de crever non plus. et de me dégoûter de cet auteur qui m’habite. C’est dans nos gènes qu’il y a la notion d’auteur. C’est-à-dire que plus ça vient, plus les gènes sont coriaces. Le parasite intuable de soi. Soi contre son autre, le vrai auteur qui passe son temps à me contredire. Car tout ce que j’écris me dépasse. Ce n’est pas moi la cause de ces « oeuvres ». les oeuvres sont bassement exécutées par un moi peut-être, mais un moi ratatiné dans les talons de l’auteur.
Le droit de mon auteur.
Il n’y a pas à se faire de bile concernant le droit d’auteur si on prend en considération le fait qu’il y a peu d’auteurs. Par contre, sa nature est en voie de disparition (et ce n’est pas nouveau). Ce qui est inquiétant, c’est l’explosion de l’égo, le moi-je exponentiel qui n’en peut plus d’exister et d’être prêt pour ça à bouffer à tous les râteliers, même au rabais, de sa représentation.
On nous demande à être tout ce qu’on n’est pas. L’écrivain comme envoyé spécial, mais on a déjà du mal à être envoyé spécial de soi. C’est plutôt : « envoyé boulé spécial de soi » qu’on est le plus souvent.
La télé restera tant que les théâtreux resteront dans leur théâtre, c’est-à-dire tant qu’ils n’auront pas admis qu’il y a nécessité de parler autrement. L’auteur continue de déclamer, tout comme le journaliste TV de faire le présentateur.
Solution pour ceux qui ne veulent plus laisser de traces : Proposer à un groupe de personnes de ne plus composer que dans sa tête. Il faudrait annoncer tel récit inventé

dans la tête de l’auteur ou telle performance réalisée à l’intérieur de et par l’artiste lui-même. l’ensemble des propositions invisibles seraient tenues sur un agenda. Et pour les annonces, on pourrait faire la demande au CNL de financement d’un numéro vert.
la pensée c’est la peur. C’est parce qu’on a peur de crever qu’on pense. la conscience fait penser. Penser provient donc de la douleur. Douleur à vivre, douleur à être. Douleur à devoir exiter en séparé du monde et de soi qu’on voudrait sentir un peu mieux. Comment sentir mieux soi? on sent mieux soi quand on sait que c’est la fin. On dit alors : ça sent le sapin son histoire.

C’est l’histoire de soi qui a toujours senti le sapin

MIZOTE
Je ne suis pas Mizote. Je suis Tizote. Lizote est à l’intérieur de Euzote. Lizote parle à Mizote. Lizote me répond. Lizote m’engendre et Lizote me renoue. Lizote fait que je me sois renoué avec Mizote. Ou avec Euzote. Mizote est à l’origine du malentendu de Euzote. Mizote serait à l’origine du malentendu. Et Tizote en serait la cause de tous les ennuis avec Euzote. Qu’est-ce que Lizote peut savoir de Tizote. Savoir ce que Tizote n’aurait pas su de suite en se voyant. En voyant le malentendu en face. Face à soi. Ou face à Mizote. Mizote ferait qu’on soit. D’après Euzotes. Et même d’après soi. Et pis d’après Nouzote. Car Nouzote viendrait d’y être aussi. D’être non seulement en face mais aussi dans la face. Il arriverait que Mizote soit en Nouzote. Je veux dire en Tizote. Mais moi je suis en Mizote. Ca m’arrive de le penser. De penser que j’y sois plus que le reste. J’y serai roulé dedans. Roulé au sens. Au sens de Mizote. Ça n’a pas de sens. Nouzote ça roule en soi. Nouzote il est roulé au sens de soi. Le sens du soi où Lizote n’a pas de sens. Car ça ne peut pas marcher. Il n’y a qu’avec Mizote que ça roule. Mizote roule comme au devant de Nouzote. Voilà ce que Mizote voit. Comme un devant de soi-même. Voilà où Mizote en serait. D’après nos analyses.
Mizote sait pas s’il va mourir tout de suite. Peut-être il va mettre un peu de temps. Il va laisser les choses se faire. Elles se feront bien sans lui. Lizote va attendre un peu aussi. Avant qu’il se rende à l’évidence. Avant qu’on s’y rende aussi. Qu’on se rende tous au fait qu’il va s’y rendre. Lui aussi. Car Nouzote ne s’y rend pas vraiment. Qu’est-ce qui ferait que Nouzote s’y rende. Si Lizote l’écoutait. Lizote irait à l’évidence. Lizote veut un peu s’y rendre avec lui. C’est-à-dire avec Tizote. Ou bien c’était Mizote. Avec Euzote. Car Euzote est là à se voir rendu près de lui. Mourrant un peu. Comme lui. C’est sa chance. Qu’en mourrant Mizote l’accompagne. Avec Tizote. Qu’ils soient les derniers compagnons de sa route. Quel chemin faudra-t-il suivre. Après qu’on en aura fini avec Euzote. Tous les jours. C’est tous les jours qu’on voudrait en finir. Lizote pense la même chose. Il est à se voir s’acheminer vers ça aussi. Lizote fait comme si c’était normal. Comme si c’était la vie. Elle était bien cette vie. Tizote a beau dire. Cette vie elle avait du bon. Lorsque Tizote était avec le mourrant, il voyait pas le bon côté des choses. Maintenant il le voit. Il voit que le bon côté maintenant. Et c’est la mort. Quand Tizote est mort il a vu le bon côté de la vie. Tizote voyait pas avant le bon côté de crever. Maintenant il le voit. Maintenant que Lizote est déjà du bon côté depuis longtemps. Il est déjà mort. Dans ma tête. C’est la tête à Mizote. Il est déjà un peu parti. En même tant que Tizote. Ou à peu de choses près. Il a vidé les lieux. Mizote n’est pas sorti par la même porte. Mizote ne part pas par la grande porte. Mizote s’est vidé autrement. Il a vidé son être autrement que lui. Lui c’est le fait d’être Lizote l’a tué. Mizote c’est le contraire. D’avoir jamais pu être. D’avoir été seulement dans l’idée qu’il aurait pu. S’il avait voulu. Il aurait pu être avec Lizote, ou avec Tizote. Là-dedans. Mais toujours à côté de Mizote. Comme à côté de ses pompes.


Lizote est en phase avec Mizote Mizote est en phase avec Tizote Tizote est en phase avec Euzote Euzote est en phase avec Nouzote Nouzote est en phase avec rien et rien est en phase avec rien.

Nous aurions voulu être autre chose. Nous aurions voulu avoir tout et rien. Et surtout : nous n’aurions rien voulu.
Pou qu’on est dans l’impossibilité d’être.
 POULE
Il faudrait dépassionner le débat. Il faudrait que le débat soit moins passionnant. Passionné passionnant. Il faudrait qu’on sache quoi faire de la vie. Sans entrer dans la passion. Ou plutôt sans qu’il y ait de débat, de débat passionné ou passionnant. Il faudrait pouvoir entrer là-dedans comme ça, comme un animal. On n’a pas besoin de débattre entre poules, on n’a pas besoin d’entrer dans les détails, d’arranger une fuite, d’organiser des préludes. On est poule. On n’entre pas. On entre mais on ne sait pas trop si on est entré. Peut-être c’est quelqu’un d’autre. C’est peut-être une autre poule qui rentre, et peut-être même je ne suis pas là. Je ne suis pas dans ma poule. Peut-être celui qui y est n’y croit pas non plus. Personne n’y croit. Tout le monde est entré mais personne n’y a cru.
Nous ne voulons plus de l’amour tout prêt, l’amour tout prêt tout digéré, nous voulons plus du tout de l’amour qui est tout à fait prêt à être ingurgité. L’amour tout prêt de nous. Nous n’en voulons plus. Nous voulons de l’amour loin. L’amour qui se fait pas. L’amour impossible, ça nous voulons bien. Nous voulons bien être impossiblement dans l’amour. Et pas avoir affaire à des affaires. Des choses emballées. Des trucs tout faits. Cousus mains. Nous ne voulons plus l’amour cousu main. Bouche donnée. Bouche cousue et la main dans la main. Nous voulons la main pas dans la main mais dans la tête. C’est la main qu’on tient dans la tête. Nous ne voulons plus du corps de l’autre et du nous avec. Du nous avec l’autre et la main dans la main du nous tout court. Nous voulons un nous qui tient tout court dans la tête. Nous voulons pas du nous rallongé d’une tête seulement. Nous voulons un nous rallongé de plusieurs têtes. Et pas un nous seulement à nous. Un nous qui tient dans la main. Ou alors c’est dans la main de la tête que ça tient. C’est-à-dire faut que ça tienne à rien. Un nous pas vrai. Ça sera notre vrai à nous. Le vrai pas vrai. Le vrai du corps et le vrai des mains ça nous emmerde. Les corps ça devient emmerdant au bout du compte. Il faut du nous en dehors de nous. Il faut du nous qui s’échappe de tout compte. Et de l’amour qui s’en va du corps pour rejoindre l’autre, et l’autre parti avec. Tout les deux foutus le camp. Tous les deux amoureux qui débarrassent le plancher, nous le voulons. Nous voulons débarrasser le plancher des choses qui nous tiennent à cœur. Il n’y a rien de pire que les choses qui nous tiennent à cœur. C’est comme si on nous amarrait. C’est comme si le corps était notre amarre mais qu’on pouvait plus se barrer. On peut plus que couler dedans. Pourtant on voudrait bien se barrer nous. On voudrait bien foutre le camp nous, et rejoindre l’autre. L’autre foutu le camp avec nous. Et nous irions où. Où est-ce qu’on pourrait se foutre le camp. On pourrait se foutre le camp ailleurs que dans un nous tout court. Car dans nous c’est la tombe tout court. Dans le nous, c’est le cercueil plombé des sentiments. Dans le nous, c’est les choses sues d’avance et même pas que par nous. Dans le nous, c’est les trucs posés de plusieurs plombes par des nous d’avant nous. Des nous qui ont cru bien faire en s’épousant. Dans le nous, c’est les épousailles d’avant nous, et les restes de la veille où qu’on n’est même pas invités. Les noces d’où qu’on n’a même pas foutu les pieds. On n’a pas foutu les pieds dans le nous. C’est comme ça que ça marche. On est des invités de la dernière minute. On a loupé tout le début. C’est pour ça qu’ils voudraient qu’on reste dans le nous. Pour qu’on termine le boulot. Qu’on essuie les plats. Qu’on remballe tout. Qu’on se remballe avec. Qu’on soit des remballés de naissance. Que la naissance soit remballée avec, et qu’on nous fasse ravaler notre ticket. Le ticket qu’on a eu dès qu’on a né. Le ticket qu’on a perdu d’avance. On a marqué qu’on était né dessus, et puis qu’on a perdu. On a perdu l’amour du né, c’est comme ça qu’on a dit. On a dit, c’est l’amour qu’on veut perdre. On veut que de ce ticket-là, mais eux ils le veulent pas. Ils veulent pas des perdants. Ils veulent des amoureux physiques, alors que nous on veut perdre le ticket. C’est-à-dire qu’on quitte le corps, pour devenir des amoureux. On réinvente nous. Et on réinventera la physique. On pourra jouer à l’amoureux loin de chez lui. L’amoureux qui a quitté le domicile conjugale. Son domicile de où qu’il naît, et de où qu’il meurt. Il a quitté tous les domiciles connus. Il a quitté le physiquement connu. Le domicile conjugué à lui, et pas à nous. Ou plutôt, à un nous qu’on veut plus. Nous on veut des nous qu’il y a dans les autres. On veut des inconnus. Il faudrait faire l’amour qu’avec des inconnus. Faudrait connaître que des inconnus, et faire l’amour qu’avec eux. Faudrait être qu’avec l’idée de ça, de leur inconnu à eux. Etre avec soi aussi, avec son inconnu à soi. Et faire l’amour à tout le monde, mais tout le monde dans l’inconnu. Qu’avec des inconnus de soi. L’amour qu’on ferait, on le ferait qu’avec soi dedans des inconnus.
C’est pour ça qu’on regarde la télé. C’est parce que ça a été inventé là. C’est dans la télé qu’on a inventé l’inconnu. C’est là aussi qu’on a fait l’amour, c’est en regardant la télé. Car nous sommes une génération d’amour, et pour que la génération d’amour pousse bien faut qu’elle regarde la télé. La télé est amour. Il faut voir tous les couples qui maintenant passe leur temps à baiser. C’est parce qu’ils ont la télé. C’est pour ça qu’on les baise. Sinon ça baiserait pas un couple. Un couple qui baise est un couple devant la télé. C’est la télé qui a inventé ça. Elle a inventé le style, et l’inconnu. C’est la vérité. Même la vérité a été inventée de toute pièce. C’est pour ça qu’on continue d’y croire, sinon on n’y croirait pas à la vérité. On finirait par croire qu’il faut vivre sans avoir de télé. C’est-à-dire sans vivre. Car vivre c’est la télé qui fait ça. Sinon on est un couple et on a rien qui passe plus. On n’a que les plats qui passent. Les plats tous les jours sont passés. Les plats tous les jours qu’on entasse. Pour cacher la vérité. La vérité qu’on a rien à faire là, dans notre appartement, dans notre petit lit, dans nos petites pièces, avec notre petite musique. On a tous des petites musiques dans des petites pièces. Alors on invente des grandes musiques à mettre dans de petites pièces. Et même dans les grandes pièces ça fait toujours petit. C’est toujours pour les minus la musique. La voix, c’est toujours pour nos corps de minus, de petits minus dans la vie de nos appartements, nos appartements beaucoup trop petits. Nos appartements beaucoup trop moches pour nous, pour des couples moches comme nous. Nous sommes des couples beaucoup trop moches dans nos pensées qui sont comme des petits appartement. Des appartements trop moches. Heureusement, il y a l’espace devant, la vérité. Heureusement, il y a la vie et la vérité. Et heureusement, on invente. Heureusement, on invente la vérité dans l’inconnu. Et heureusement la musique, la musique en boîte. Heureusement la petite musique, et la grande. La grande vie dans l’inconnu. On voit ça à la télé. Maintenant on a de grandes télés. On peut voir grand. Maintenant on a agrandi les écrans. Maintenant on a des grands écrans pour couples.
 Les petits garçons sont travaillés par le sexe. Tous les petits garçons travaillés ils sont. Sont petits. Petits sexes. Petit travail. Petit développement mental. Petit humain pas développé. Ou à peine. Mais déjà travaillé. Tous les garçons travaillent. Et ont de la peine. Le sexe ils ne connaissent gouttent. Ils rêvent de croiser. De croisement. De possibilités. D’affleurement. Ils rêvent qu’on les affleure. Ils se voient bien s’approcher. Montrer qu’ils sont beaux. Et que les filles sont belles. Toutes les filles aussi sont travaillées. Elle se cherchent. Elles cherchent leur sexe. Elles ont un sexe partout. Mais elles le cherchent. Elle ne comprennent rien. Elles prennent leur sexe pour un poteau. Et le poteau irait dans le gars. Le gars pense qu’il a un poteau dans la bouche et les yeux. Les garçons voient également des poteaux partout. Les garçons et les filles se rencontrent. S’approchent. Se tendent. Puis se reprennent. Les garçons voient bien des cuisses. Les filles voient également des épaules. Et après ? on fait quoi avec l’épaule ou la cuisse ? qu’est-ce qu’on fait quand on part de là. De ce postulat là. C’est une fille qui a lancé ce mot-là sur la piste. Elle a parlé de postulat. Et puis elle a encore dit connaître des phrases. Et puis qu’elle irait voir le gars. Et puis qu’elle irait voir dedans. Elle irait voir son postulat dedans. Elle a dit j’irai voir ton postulat là. Voir comment il est. Et si manque pas une pièce. Manquerait-il une pièce à son postulat là, pense-t-elle ? Car elle pense ça. Avec ses cuisses ouvertes. Elle pense au postulat perdu du gars qui est resté planté là, en elle, comme un poteau dans sa tête. Elle dit je pourrai pas d’un coup tout prendre de toi. Je prends un tout petit peu chaque jour. Un peu de toi tué chaque jour en moi. Car sinon c’est trop. Si on doit tuer le bonhomme d’un coup, le mental digère pas. Mais si on le tue à petite dose chaque jour ça va. Chaque jour je prends un bout du petit gars et je l’enfourne en moi. Chaque jour petit gars peut venir s’enfourner. Chaque jour petit gars est mentalement admis par moi, dit-elle. Et elle aussi chaque jour elle se farcit des lourdaud. Chaque jour la balourdise du gars l’empêche de respirer. Chaque jour un gars étouffe une fille et en fait des petits tas. Allez savoir pourquoi.
Je m’occupe. Je m’angoisse. Je voudrais m’occuper. Occuper mon angoisse. Et occuper toutes les autres. Toutes les angoisses. Tout prendre et tout mettre là. Et puis après redistribuer, comme des maillots de foot. Chacun son maillot angoissant. On fait des équipes. On s’angoisse en groupe. On a des chapelles d’angoisses. Et on prie pour que ça dure.

Merci Libr-critique 

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