Les chiens de la parole - Dominique Bertrand


La parole et ses chiens. Haletants. Ivres de la saignée du signe, lâchés en haute chasse. Le gibier : l'homme, le vertical, tombé des nues. Cerné par la fureur, droit debout il se tient, aux abois, et la gueule des mots bave crue la lumière. Suspendue, la force des choses. Suspendue l'évidence. Impensable morsure faisant humain l'humain, droit debout, nu muet sans écailles ni toison ni ailes dans la forêt des cris. Arraché du monde d'un seul coup de verbe, il gîte en la blessure où le sens saigne, transi des vents qui viennent du néant, pétale d'une fleur disparue dont le coeur est la nuit.



Lodève - 22 Juillet 2012

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